Perle de Lune

Peine Maximale d’Anne Vantal

le 22/02/2012

Peine Maximale

de

Anne Vantal

Roman jeunesse

Actes sud junior – février 2010

310 pages – 13,50€

Présentation de l’éditeur :

« Vingt ans de prison pour Kolia ! Son frère pourrait-il être condamné si lourdement ? Anna refuse d’y croire. Le jury n’obéira pas aux réquisitions. Mais s’il le fait ? Si, par paresse ou par conviction, les jurés envoient Kolia pour vingt ans en cellule ? Il aura quarante-cinq ans à sa sortie : Anna sent que la tête lui tourne. » Trois jours au coeur d’un procès. Deux accusés, frère et soeur, et la petite dernière, libre, mais dont le sort va être également scellé. Trois jours seulement – où l’on retient son souffle – pour se forger une intime conviction.

Commentaire :

Dernier livre de la sélection des incos pour le niveau 3e – 2de, je me demandais comment ce livre pourrait rivaliser avec ceux déjà lus. Et bien, comme souvent, je me trompais. Bien entendu, le titre, la couverture ne m’attiraient pas du tout et je pense que ça y a joué. Insouciante, j’ai commencé à lire un chapitre, puis un second sans m’attacher au titre de ceux-ci… Grossière erreur. Tout l’intérêt de ce roman est pour moi l’alternance constante de points de vue. Nous sommes tour à tour, avec l’accusé, avec l’avocat général, avec les jurés, avec la soeur de l’accusé… Bref nous sommes au coeur du procès et c’est pour moi la grande originalité de cette histoire.

On voit avec quelle désinvolture certains jurés prennent la mission qui leur est confiée. En même temps, on croise les doigts pour ne jamais recevoir cette fameuse lettre nous assignant en tant que tel. Nous sommes loin des films hollywoodiens et bien dans une réalité plus que probable. Le délibéré concernant le nombre d’années de prison est très parlant. Une partie des jurés se moque bien de ce qu’ils sont en train de décider et pense plus au temps qu’ils sont en train de perdre tandis qu’une autre partie prend son rôle au sérieux. Ce qui est effrayant pour moi, c’est qu’en plongeant ainsi au coeur d’un procès, on se rend compte que rien n’est vraiment comme on le pense, les jurés sont « humains ».

J’ai parfois eu du mal à me souvenir de qui était qui même si ça se fait assez bien au fil des pages. J’ai tout de même regardé s’il n’y avait pas un petit descriptif des personnages à la fin, ça pourrait aider. En tous cas, c’est une oeuvre qui pourrait être étudier avec des 3e en insistant sur les points de vue mais aussi sur l’argumentation avec les plaidoiries. Une fiche des personnages pourrait alors être demandée 🙂

Extraits :

Après le témoignage de la victime, l’avocat général se laisse aller à une réflexion personnelle sur l’idée de justice.

« Sans cesser d’écouter les propos tenus à la barre, Brice Kriegel poursuit ses propres pensées. Au fond, se dit-il, la vraie justice ne peut exister. La seule qui vaudrait consisterait à défaire ce qui a été noué au moment du drame, et c’est impossible. On ne retourne pas en arrière, il faut s’accommoder de pis-aller. Pour cette femme, il n’y aura pas d’allègement de peine. Elle continuera, sa vie durant, à sursauter au moindre bruit et à trembler au premier signe de danger. » (p.186)

Un petit extrait du délibéré où certains jurés pensent jouer au Juste Prix… Tellement réaliste et donc tellement effrayant :

« -Ugo étant un mineur de quinze ans qui n’a pas été restitué volontairement à sa famille dans un délai de sept jours, la peine maximale est de… trente ans de réclusion.

– Dans ce cas, reprend Louis avec une joie mauvaise, je voterai trente ans.

Un silence glacé s’abat sur les jurés. Personne n’ose parler.

– Je vous suis, appuie Denis Perrier.

Le courtier a réfléchi à toute vitesse : plus vite on sera tombé d’accord sur un nombre, plus vite lui sera sorti d’ici. L’image des seins de Déborah lui vient à l’esprit.

– Excusez-moi, intervient Jean-Pierre Parent avec vivacité. Je refuse de lancer un nombre au hasard ! Nous parlons d’années de prison ! » (p.288)



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